La nuit, les échos
Après en avoir présenté la pièce-titre en avril dernier, l’autrice-compositrice-interprète révèle l’intégralité d’une nouvelle proposition, les mécanismes de la mémoire en trame de fond.
27 août 2021
«Slalom». «Polaroïds». «Deux accidents». «La nuit, les échos». «Toutes les réponses». Cinq chansons au spleen impressionniste comme autant d’occasions, belles et enveloppantes, de faire un saut dans la psyché d’Émilie Proulx, la chercheuse. De liens, de sons et de sens.
La charge émotionnelle entre la peau et la chemise, la multi-instrumentiste et réalisatrice montréalaise s’amène ici avec cohérence, naviguant agilement le long de cette ligne artistique, fluide et sensorielle, qui la caractérise. Et tandis que s’invitent au passage les influences vastes de Nirvana, The Shins, Alain Souchon, Beach House, The Cure, Bashung et Fleetwood Mac, au même titre que les résonances subtiles d’Annie Ernaux et de Proust, Émilie Proulx trace le contour délicat de l’état des choses, de nos contradictions, de notre capacité infinie pour le bonheur et la douleur. De la nécessité libératrice, parfois, de dire «au revoir» et «merci».
S’abandonnant à ce qui la dépasse et guidant doucement les chansons dans leurs sillons, vers les destinations qu’elles réclament d’elles-mêmes, la musicienne rend délibérément visite, sur La nuit, les échos à certains lieux communs de la culture musicale pour allumer le souvenir. «Pour susciter les images rémanentes d’un backwash de mémoire, à tous les temps superposés», précise-t-elle.
Portée par les vagues et la vérité, l’artiste articule sur ce nouveau EP un appel à tenir bon, à garder confiance en notre faculté à surmonter les écueils et à attraper les balles courbes. Avec la complicité des instrumentistes Agathe Dupéré (basse, synthétiseurs), Matthieu Beaumont (piano, synthétiseurs, voix) et Maxime Gosselin (batterie), et bordée par les chœurs de Lisa Leblanc, Geneviève Toupin, Catherine Leduc, Anaïs Constantin et de son fils Théodore, Émilie Proulx garde le cap sur la lumière, et finit par la trouver. À travers sa voix-feutre et ses mots-lueurs, La nuit, les échos s’impose comme une traversée, ancrée dans le moment présent, et aux échos de toutes sortes.